Their finest hour

image007Achevé la lecture de Most Dangerous Enemy, une histoire complète de la bataille d’Angleterre. On y découvre quelques points qui méritent réflexion:

  • Les allemands n’ont jamais eu de stratégie véritablement cohérente pendant l’été 1940. Le conquête du ciel était un préalable indispensable à toute opération que ce soit une invasion ou un siège en règle de l’île. Or ils n’ont jamais eu une idée précise de la manière d’atteindre cet objectif. Leur stratégie s’est résumée de juillet à septembre à tenter d’attirer dans les airs un maximum de chasseurs anglais dans l’espoir de les éliminer. Cette stratégie d’attrition était vouée à l’échec. En septembre 1940, la RAF comptait 20% de pilote de chasse de plus par rapport à 1940. L’Angleterre produisait des chasseurs et des pilotes plus vite que la Luftwaffe pouvait en détruire ou tuer.
  • Cet absence de stratégie s’explique en partie par la médiocrité du renseignement allemand qui sous-estima constamment la production industrielle adverse et fut incapable de comprendre le fonctionnement des défenses anglaises. Si les radars et les aérodromes sont visés en septembre 1940, c’est comme un moyen d’attirer les chasseurs anglais dans le ciel et la méthode sera vite abandonnée au profit de bombardement au-dessus de Londres. Quoiqu’il en soit à aucun moment les dommages contre les stations radars et les aérodromes ne purent substantiellement amoindrir les capacités de la RAF.
  • Le rapport de force dans les airs était loin d’être aussi déséquilibré qu’on ne le pense. Là où les allemands pouvaient envoyer 500 chasseurs Me-109 pour escorter un raid massif, la RAF alignait sur l’ensemble du territoire plus de 600 Hurricane et Spitfire.
  • Le rapport de force était d’autant mieux égalisé que la RAF avait organisé dès la fin des années 30 un véritable système de défense aérienne intégré alliant radars, observateurs au sol, bases aériennes et centres de commandement et de contrôle, le tout distribué sur l’ensemble du territoire.
  • La Luftwaffe faisait face au problème traditionnel de l’attaquant, il faut non seulement défaire l’ennemie mais en plus conserver des forces pour exploiter la victoire. La RAF n’avait qu’une seule chose à faire, difficile certes mais pour laquelle elle était préparée, survivre. Or le rapport de force n’a jamais été suffisamment déséquilibré pour permettre cela. Il aurait fallu que la chasse allemande atteigne un ratio de 5 victoires contre 1 perte pour détruire la RAF et conserver une force suffisante pour la suite des évènements. La Luftwaffe n’avait ni le nombre, ni la supériorité technique (pilotes et machines) pour atteindre un tel ratio.
  • Rétrospectivement et même si les contemporains n’en avaient pas conscience, il aurait été surprenant que la Luftwaffe remporte la bataille d’Angleterre. Les anglais avaient les avantages d’un défenseur bien préparé et les allemands étaient incapables d’atteindre la supériorité numérique en chasseur nécessaire pour l’emporter dans le meilleur des cas. Belle démonstration de la supériorité de la défense sur l’attaque, Clausewitz aurait été content.

Folie Pentagonesque

Via Ares:

Chambliss returns to the attack on the F-22 issue, noting that the F-35 is now within $28 million of the F-22 cost, according to the GAO:  $112 million average procurement, versus $140 million, and wants to know why the Senate wasn’t told about this during the debate over the termination of the F-22. « I can’t talk about that, since I wasn’t in office at the time. »

Chamblies revient pour attaquer sur la question du F22 en notant que le F35 est à 28 millions du prix du F22 d’après le GAO (“l’équivalent” de la cours des comptes): 112 millions en coût moyen d’acquisition contre 140 millions et veut savoir pourquoi le Sénat n’a pas été prévenu  en printemps dernier lors du débat sur la fin du programme F-22. “Je ne peut pas parler de ça car je n’étais pas en poste à l’époque”[Ashton Carter, sous-secrétaire d’Etat à l’acquisition].

C’est brillant, non vraiment, donc la décision a été prise l’année dernière de fermer la chaîne du production du F-22. On apprend aujourd’hui que d’après les dernières estimations le F-35,  sensé  avoir un prix plus abordable que le F-22 mais moins performant, n’est qu’à peine moins cher que le F-22. Cela prêterait à rire si nombre de pays européens n’étaient pas si engagé sur le programme F-35: l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège, l’Italie, etc. Si ces nouvelles se confirment, ce sera un désastre avec lequel les européens devront vivre pour des décennies. Les Français auront le plaisir amer de dire “on vous l’avait bien dit”.